En accompagnement d’équipe, TLP invite à stimuler et à développer les dimensions jaune, rouge, bleue et verte. On le constate régulièrement à la lecture des résultats des feedback 360°, la capacité à imaginer et à anticiper reste souvent le parent pauvre de la conduite des équipes. Le champ jaune est le champ des possibilités et de la liberté. Dans une séquence « Etude –Invention » la parole doit se faire personnelle, singulière, indépendante, elle doit s’affranchir des limites, s’accepter comme divergente et transgressive. Et cela sans risque, car elle est antérieure à l’étape, en rouge, de la prise de décision.
Or, même lorsque l’on réunit, dans un protocole brainstorming, toutes les conditions d’épanouissement de la libre expression (autorisations, protections, respect, confiance, …), la parole individuelle reste souvent inhibée et insuffisante. Les peurs diverses, les intérêts partisans, les pesanteurs hiérarchiques, un conformisme foncier, agissent en sous-main pour préserver les consensus et empêcher tout excès. La police de la pensée et des mots veille au grain. Petit exemple en passant, voyons combien le « Nous sommes Charlie », qui en principe sert à glorifier la libre expression, a été en réalité, par un renversement symptomatique, l’ukase à répéter sous peine de mise à l’index. Philippe Muray parlait pas de « mutins de panurge ».
Lorsque l’on coache une équipe, il faut travailler sur des cas réels, qui font partie de son vécu, plutôt que sur des cas d’école ou des jeux que l’on réserve plutôt à des situations de formation.
Pourquoi faire travailler une équipe dans la dimension jaune ?
- Pour pousser chacun à sortir de l’existant et à soulever les questions qui dérangent, pour créer des ruptures et ouvrir l’horizon de l’équipe,
- pour favoriser l’expression individuelle et l’implication de chacun dans le devenir de l’équipe,
- pour concevoir de nouvelles options susceptibles d’ouvrir à l’équipe de nouvelles perspectives d’avenir.
Quand faire travailler une équipe dans la dimension jaune ?
- Lorsque l’on bute sur un problème récurrent qui exige de sortir du cadre habituel,
- au démarrage de nouveaux projets,
- lorsque, plus généralement, la libre pensée et les échanges spéculatifs sont limités par la pratique du manager ou par la culture d’entreprise,
- régulièrement, pour secouer et libérer les esprits du poids de l’habitude.
Comment faire travailler une équipe dans la dimension jaune ?
Rappeler d’abord aux participants que la dimension jaune
- se situe dans le monde de la virtualité, de la pure spéculation, qu’elle est sans risques, sans conséquences, puisqu’elle est dissociée de la prise de décision,
- est un lieu d’incubation, les intuitions et propositions exprimées sont jaillissement et ne doivent pas faire l’objet de jugements. On génère des idées, de la divergence, du chaos, on s’enthousiasme et on surenchérit sans juger. La conscience critique et contrôlante n’a pas sa place ici.
- l’atmosphère doit être ouverte et confiante, sans peurs. L’expérience montre que si, dans l’équipe, les fonctions « Soutien et Service », en vert, ne sont pas consistantes, le rendement du travail dans le champ jaune reste bas.
Types de questions qui, sans effrayer personne, poussent les participants à dépasser les références au monde de l’expérience et du connu, et à fonctionner en recherche et en anticipation dans les fonctions Etude (nouvelles connaissances, nouveaux benchmarks) et Invention (concevoir des options nouvelles) :
- Et si, sur le sujet qui nous occupe, …
- nous devions demain (pour une raison x ou y, dramatique ou non) recommencer à zéro, supprimer ou réinventer tel processus, tel service, etc. ? (C’est l’approche de la feuille blanche ou tabula rasa qui force à repenser radicalement les choses),
- quel serait l’idéal à viser, le rêve à atteindre ? quelles seraient les innovations de rupture qui nous feraient faire un bond en avant ? (Pour stimuler l’imaginaire, oser l’impossible sans souci de faisabilité à court terme),
- quelles sont les options que l’on devra retenir, creuser et développer, pour les soumettre ultérieurement au crible de l’étape « rouge » du jugement et de la décision ?
Autres questions :
- quelles sont les idées audacieuses qui, dans l’histoire de notre entreprise, ont été à l’origine de nos succès ?
- quelles sont les idées neuves que d’autres, dans notre secteur d’activité, ont développées et que nous n’avons pas su initier ?
- quelle est actuellement notre réelle puissance d’imagination et de conception ? Peut-on la renforcer ? Comment et pour quels bénéfices ?
O.W. 08.2016