Le champ bleu est le champ premier ou originaire du travail. S’il faut en croire l’étymologie du mot, « tripalium », il y est question de contrainte voire de torture ! Ici « cela ne rigole pas » : il faut s’obliger, se montrer dur à la tâche, appliqué, attentif aux détails, rigoureux et persévérant. Ce qui compte, c’est que le travail soit parfaitement réalisé, comme prévu, dans les délais fixés et selon les normes. Nous sommes dans le monde réel, physique, sérieux, seul le résultat final bien visible fait foi.
Depuis la position bleue, les idées, les intentions ou les bons sentiments sont perçus comme de la poudre aux yeux s’ils ne servent pas, à court ou moyen termes, à produire des résultats objectifs. Pour reprendre ce que disait un chef de production à un nouvel arrivant : « Si le boulot est fait correctement et dans les délais, c’est ok, sinon, la porte est là !».
Aimer fonctionner en bleu, c’est donc aimer l’efficacité, ce qui suppose de se mouvoir dans un monde pleinement maîtrisé. En termes psychologiques, c’est la référence au connu, à l’Expérience, ainsi que le goût de l’ordre, de la Structure, qui doivent commander. Il faut avoir du plaisir à maîtriser les techniques et les méthodes appropriées pour atteindre une haute compétence.
Les valeurs associées au champ bleu – l’effort, la discipline, le contrôle – sont considérées comme les vertus cardinales dans le monde de l’industrie, dans les armées ou dans les administrations, en bref chaque fois que les données objectives et la conformité aux procédures doivent s’imposer. Aujourd’hui, dans notre société, que certains qualifient de post-industrielle, ces valeurs sont parfois raillées – en particulier par les intellectuels ou par les créatifs – parce qu’elles supposent obéissance à un ordre établi, répétition et aliénation d’une part de sa liberté.
Or, au sein de l’entreprise, la figure du bon élève, fiable et prévisible, qui sait refouler sa subjectivité et faire diligemment ce qui doit être fait, sans mot dire, sans maudire, en suivant les règles et les méthodes, reste évidemment centrale. Les vertus dont il est porteur – l’engagement, le respect du devoir, la régularité – se retrouvent nécessairement au cœur de toute organisation. Les esprits Activateurs et Contrôleurs sont naturellement épris de ces qualités et des valeurs qui leur sont associées.
Voici quelques pistes de travail à suivre avec un manager ou avec une équipe qui souhaite renforcer les fonctions bleues « Opérations & Validation », à la suite par exemple de constats réalisés à partir du retour du Profil d’Equipe ou du profil 360TeamCompetences.
Pourquoi faire travailler une équipe dans la dimension bleue ?
Il est rationnel et hautement économique de standardiser toutes les activités régulières dans des procédures opérationnelles robustes. La standardisation favorise
- la bonne organisation, la productivité et la qualité,
- la mise en place de systèmes de mesure, de suivi et de contrôle,
- l’ordre et la rigueur professionnelle,
- le développement des compétences techniques,
- la sérénité et la fierté de l’équipe, issues du sentiment de pleinement maîtriser l’activité,
- la libération de temps disponible pour traiter des exceptions et faire de la R&D
Quand faire travailler une équipe dans la dimension bleue
- Quand l’équipe peine à mettre sur le marché des produits « vaches à lait » hautement automatisés qui assurent son fonds de commerce et sa viabilité,
- Lorsque l’équipe manque de productivité, d’ordre et de simplicité, qu’elle réinvente la roue et discutaille beaucoup sans parvenir à ordonner ses activités récurrentes dans des processus standard stabilisés,
- Pour gagner en efficacité et pouvoir livrer ses clients de manière méthodique et sûre,
- Pour répondre aux attentes des Activateurs et des Contrôleurs de l’équipe qui aiment voir les choses tourner rondement et efficacement, …et qui apprécient de pouvoir, le soir, quitter leur place de travail le cœur léger.
Exemples de questions pour faire travailler l’équipe dans la dimension bleue :
- Quels sont, parmi vos fonctionnements et processus internes courants, ceux que vous estimez exemplaires, hautement performants du fait de la qualité et de la rapidité qu’ils assurent ? Peuvent-ils encore être optimisés ? Comment ?
- Quels sont, parmi vos fonctionnements et processus internes courants, ceux que vous estimezpeu efficients, lourds et coûteux en temps, qui demandent d’être remis à plat et « ré-ingéniés » dans leur méthode ou même dans leur principe ?
- Quelle est la qualité, dans votre équipe,
- des processus de décision pour traiter des affaires courantes ?
- de la délégation ?
- de la communication et de la coordination internes ?
- Plus globalement, quelle est l’efficacité de votre organisation ? Que pensez-vous des différents rôles existants ? de leur justification ? de leur judicieuse répartition en fonction des Talents et compétences de chacun ?
- Les Priorités du rôle et la performance attendue de chacun dans l’équipe sont-elles clairement connues de tous ?
- Faites-vous le meilleur usage des nouvelles technologies ? Donnez des exemples où vous êtes en avance, ou en retard, sur vos meilleurs concurrents.
- Que penser de votre portefeuille de compétences ? Répond-il à vos besoins actuels ? A vos besoins à venir ? Quelle gestion prospective ?
- Vos ressources sont-elles utilisées de manière optimale ? Y a-t-il des gisements sous-exploités ? du gaspillage ?
- Exercez-vous un suivi et un contrôle suffisants de
- la qualité de vos produits et services ?
- la satisfaction de vos clients ?
- votre rendement et de son évolution ?
NB. Vous trouverez des notes utiles sur les processus en œuvre dans les différentes fonctions du modèle TLP aux pages 62 et suivantes du Manuel de Certification.
O.W. 07.2016