Les fonctions de Soutien et le Service, en vert, sont dans l’air du temps ! Elles évoquent l’écologie, un rapport d’adaptation au monde, ouvert aux autres et respectueux de l’environnement. C’est « se relier, se tenir proche, accueillir, recevoir, écouter, comprendre, accompagner et, dans le travail en commun, coordonner ». Il faut s’accorder, montrer tolérance et réceptivité, savoir renoncer à son vouloir propre et, avec humilité, laisser place à l’Autre. Surtout éviter de juger ou plutôt, et pour être plus précis, juger est ici très mal jugé…
Juger est en effet mal vu en nos temps relativistes. Au nom de quoi imposer, s’imposer, nous qui sommes tous également humains ? Depuis la position verte, les décideurs visionnaires, en rouge, sont vite perçus comme suffisants, arrogants, ambitieux, jouant une carte personnelle.
Il est par exemple de bon ton politiquement de montrer d’abord en toute situation sa profonde humanité, sa solidarité, son émotion. Après les derniers attentats, le candidat Donald Trump – tête de turc des media comme l’était Ronald Reagan à son époque – a fait scandale aux Etats-Unis pour avoir dénoncé l’insécurité à Bruxelles avant d’avoir fait part de ses condoléances aux proches des victimes. Tout bon politique sait qu’il faut avant toute chose aujourd’hui exprimer sa « profonde tristesse ».
Par cette rhétorique obligée se manifeste probablement la valeur, revue et élargie, de la charité chrétienne, ou le postulat rousseauiste de la bonté première de la nature humaine. Certains y verront peut-être la manifestation dans notre société d’une féminisation des goûts, les vertus « vertes » – en particulier le désir de conciliation et d’harmonie présent dans le Soutien – étant traditionnellement associées à des qualités féminines.
Le rêve des personnalités « vertes » c’est d’établir une proximité et une continuité heureuses entre les êtres. A l’écriture qui sépare, diffère, abstrait et extrait du monde immédiat, ces personnalités préfèrent la musique ou les arts plastiques qui affectent les sensations et rattachent au monde. Elles sont aussi pragmatiques et exaltent avant toute chose les relations simples et fonctionnelles. « Le type sensation accumule dans sa vie des expériences réelles faites sur des objets concrets » (Jung). Leurs principaux vecteurs : sensation et flexibilité. Elles repoussent la distance, les tensions et le conflit.
Dans l’entreprise l’activation des fonctions de Soutien et de Service contribue au rapprochement, à l’apaisement et à l’établissement de relations de confiance. Elles requièrent de retenir sa volonté de puissance, de renoncer à mettre en avant son ego, sa différence. Fonctions d’adaptation et d’intégration, ces deux fonctions renforcent la cohésion du groupe et la solidité du tissu social.
Voici quelques pistes de travail à suivre avec des managers ou avec une équipe dont les fonctions vertes « Protection et Service » demandent à être renforcées – à la suite par exemple de constats réalisés à partir du Profil d’Equipe ou du profil 360TeamCompétences.
Avant de faire travailler une équipe dans la dimension verte, rappeler aux participants que…
… si le monde du travail est le lieu du vouloir et de la concurrence (la couleur rouge du TLP) – besoin de réussir, d’être reconnu – il est aussi nécessairement un lieu d’échanges, de partage et de confiance. Les managers jouent un jeu paradoxal fait de compétition et d’assistance, au même titre que les chevaliers cultivaient l’art de la guerre et celui de la courtoisie.
Pourquoi faire travailler une équipe dans la dimension verte ?
Le Soutien et le Service sont nécessaires à l’équipe parce qu’ils
- créent détente et relâchement, prônent ouverture et accueil,
- favorisent l’écoute et la sincérité, la reconnaissance et la mise en valeur de chacun dans sa différence,
- favorisent la prise en compte de ce qui est réellement vécu et éprouvé par chacun,
- développent l’entraide et la coordination des forces,
- renforcent dans le groupe la confiance, le sentiment d’appartenance, la considération et l’intégration,
- contribuent en définitive à la cohésion du groupe.
Quand faire travailler une équipe dans la dimension verte ?
- Lorsque l’équipe est nouvelle, qu’il faut que chacun se sente accueilli, sans jugement, et trouve sa place,
- Après les moments de surcharge ou de crise, lorsqu’il faut faire retomber la tension et laisser chacun souffler et s’exprimer à son aise,
- Lorsque l’équipe « rêve » trop, a tendance à se perdre dans des projets compliqués, à prendre ses désirs pour la réalité,
- Lorsque les personnalités sont très individualistes ou rebelles, que le style du manager ou que le système de compensation au sein du groupe privilégie la réussite personnelle au détriment de la coopération et de la dynamique collective,
- Lorsque, en bref, les peurs et les défenses personnelles figent les échanges et entravent l’établissement de relations de confiance.
Exemples de questions pour faire travailler l’équipe dans la dimension verte
- De quelle qualité d’attention et de présence, d’écoute et de compréhension, faisons-nous preuve entre nous à l’interne et à l’égard de nos partenaires externes ? Savons-nous créer de la proximité et de la simplicité dans les relations ?
- Quelle est la qualité d’acceptation et d’inclusion au sein du groupe des nouveaux, de ceux qui sont moins compétents ou moins performants, de tous ceux qui demandent plus de patience et d’accompagnement ?
- Quelle est notre capacité à reconnaître les talents et à nous réjouir des réussites des autres?
- Nous faisons-nous confiance ? Nous montrons-nous bienveillants ? Pouvons-nous nous dire les choses de manière immédiate, sans crainte de blesser ?
- Trouvons-nous aisément une solution aux conflits ou aux crises qu’il nous arrive de traverser ?
- Quelle est notre capacité à nous ouvrir et à créer des alliances ? à lâcher prise et à nous adapter à d’autres systèmes ? à travailler par exemple en transverse avec d’autres équipes ?
- Sommes-nous suffisamment proches de nos clients, à même de détecter leurs principaux besoins et à faire preuve de réactivité
- Sommes-nous pragmatiques ? Trouvons-nous des solutions simples et fonctionnelles qui répondent rapidement aux attentes ? (Ou bien sommes-nous compliqués, trop intellectualisants ou procéduriers, manquant de bon sens ?) Quelle est en définitive notre capacité à nous faire confiance en nous référant simplement à notre expérience et à notre vécu ?
- Avons-nous du plaisir à travailler, sans stress inutile ? Sommes-nous à l’écoute de nos besoins ? Savons-nous ensemble réguler les choses pour préserver dans la durée nos énergies et notre équilibre ?