A la demande de quelques certifiés qui se reconnaîtront, je vous propose d’étudier les similitudes et différences existant entre les deux profils d’un même champ. Aujourd’hui nous comparerons les deux figures en rouge du Mobilisateur et du Stratège.
Ce qui stimule et fait vivre le Mobilisateur et le Stratège, c’est la puissance d’une idée. Non pas les idées multiples, hypothétiques, complexes, qui dopent les personnalités de type chercheur, en jaune. Non, c’est l’idée forte, porteuse, structurante, c’est la vision qui s’impose et oblige parce qu’elle donne du sens, et qui se fait projet au travers de décisions. Chez les entreprenants, en rouge, il y a nécessairement un engagement, un défi, un besoin de dépassement. Il y a le goût du risque, avec des réussites et des faillites.
Derrière ce principal point commun, quelles différences ?
Chez le Mobilisateur, le ressort de l’engagement est interne, moral, il se situe en lui. C’est essentiellement sa foi et ses croyances qui le soulèvent, qui le poussent à la décision et à la prise de risques. Illustrations : Jeanne d’Arc ou De Gaulle en politique, Dunant (fondateur de la Croix-Rouge) dans le social, Porsche ou Steeve Jobs dans l’industrie, en littérature, typiquement, le capitaine Achab du Moby Dick de Melville, etc., tous partent de rien, mais sont excessifs, portés par une indéfectible passion. Des héritiers d’Antigone.
Le Stratège se détermine, lui, à partir d’une mesure objective de situation. Il se méfie de ses intuitions et convictions personnelles qu’il fait passer au second
rang, après une solide pesée des opportunités et des dangers. La raison est pour lui l’outil de référence. Exemples : les détenteurs d’un «master’s degree in business administration » qui ont appris à échafauder des plans judicieux à partir d’une analyse de la situation, des objectifs et des principaux paramètres en jeu.
Le Mobilisateur correspond au fondateur porté par sa vision et son credo, prêt à soulever et à déplacer des montagnes. Le Stratège est plutôt le directeur qui poursuit ses objectifs en conduisant habilement l’organisation dans les méandres de la conjoncture.
Les deux s’affrontent parfois durement. Le premier affirmera : « C’est là qu’il faut aller car c’est bien, juste, légitime ». Ethique de conviction, qui s’impose d’elle-même, causa sui, et n’a pas besoin de justification. Aux yeux du second, un tel engagement paraît inconséquent, déraisonnable voire extravagant. Car le Stratège, lui, se veut « responsable », il se décide à partir d’une évaluation des effets positifs et négatifs de ses plans, tel le joueur d’échecs ou de billard.
Cette manière de faire calculée et conditionnelle du Stratège est évidemment ce que lui reproche à son tour le Mobilisateur : un manque d’âme, de souffle, d’implication personnelle et morale. Il peut y discerner un côté combinard.
Notons que la plupart de nos décisions, en rouge, puisent couramment à ces deux sources interne et externe. Il est rare de voir un Mobilisateur qui ne soit pas aussi, en deuxième ou troisième rôle, Stratège, et inversement. Rappelons aussi que la bascule Sentiment – Raison est la plus aisément praticable.
Particularité statistique : le Talent de Mobilisateur est le moins représenté chez les Collaborateurs (seuls 20% d’entre eux ont un de leurs Talents en Mobilisateur) et chez les Cadres (27%), mais il est le second mieux représenté chez les Dirigeants (46% d’entre eux ont un de leurs Talents en Mobilisateur). On peut déduire de ces chiffres que les fondateurs et dirigeants d’entreprise, pour oser décider et bâtir, ont fondamentalement besoin de s’appuyer sur leur confiance et conviction personnelles.
Pour analyser (analyse du discours et du comportement) cette énergie entreprenante, voici deux exemples :
Steve Jobs, certainement en dominance Mobilisateur https://www.youtube.com/watch?v=x1Z9Ggqr84s
Carlos Ghosn, en dominance plutôt Stratège (dès la 8e minute) https://www.youtube.com/watch?v=D7JjO8pqXCU
O.W. 08. 2016