Le rapport aux temps varie selon les profils
Pour les esprits jaunes (tournés vers l’Etude et l’Invention), ce qui compte, c’est l’intention, l’émergence de l’idée, l’origine, le commencement. C’est l’intuition qui commande, qui provient de l’inconscient, d’où souvent des libertés par rapport à l’agenda. Les questions matérielles de réalisation – quand ? comment ? où ? combien ? – sont lointaines et paraissent, aux yeux des esprits jaunes, plutôt accessoires. Leur pensée les situe dans un espace pré-temporel, voire atemporel. Ils évoluent de préférence dans un monde idéal ou virtuel ; ce qui les inspire, c’est l’idée du bien, de la beauté, de la justice, de la vérité, du progrès… Ils posent les enjeux dans une dimension transcendante et repoussent au second plan les questions de mise en œuvre et d’incarnation.
L’heure volontiers “dalinienne” des jaunes
Dans la posture rouge (tournée vers les Projets et les Plans), la vision idéale des jaunes se fait ambition. Ce qui relevait de l’idée générale se voit traduit et ajusté en un programme. Par leur pouvoir de décision et de formalisation, les esprits entreprenants déplacent l’enjeu du plan virtuel, en jaune, au plan mondain et temporel en rouge. Souvent ils se nourrissent de la créativité des jaunes pour donner forme à ce qui pour eux constitue l’essentiel : fixer le cap et définir le chemin. L’idée doit s’objectiver dans un plan, avec des étapes et des délais. Ils situent ainsi les choses dans le moyen terme. Il faut aller de l’avant, il n’y a pas de temps à perdre. Les choses deviennent lisibles et accessibles car formulées en un scénario clair qu’il restera à appliquer.
Pour les esprits rouges, aller plus vite !
Les esprits bleus (tournés vers les Opérations et la Validation) s’inscrivent résolument dans le court terme. Leur souci est ce que l’on peut faire et produire ici et maintenant. Ils considèrent les long et moyen termes comme des perspectives de songe-creux aussi longtemps qu’ils ne voient pas précisément comment, quand, où et à quels coûts cela peut se réaliser. Le bleu s’inscrit dans notre monde fini. Hors des œuvres et des résultats tangibles et maîtrisables il détecte rapidement la prétention, le narcissisme et le rêve : “On attend de voir pour voir” entend-on parfois en Suisse romande. Sans méthode et sans timing précis, le bleu suspecte vite la divagation. La production intellectuelle et spirituelle, à ses yeux, n’a guère de fin en soi ; elle doit être utile, servir concrètement à améliorer notre condition de vie.
Le respect de l’heure, la politesse des rois
Pour les esprits à dominance verte (tournés vers le Soutien et le Service), la réalité vécue a plus de prix que les enjeux à terme. Ils ressentent fortement que la vraie vie n’est pas dans un au-delà, mais le plus possible dans l’actuel. La jouissance du présent, avec son plein de sensations, leur procure le plaisir d’être au monde, proches des autres, au contact de l’environnement. On retrouve chez le vert la flexibilité du jaune qui peut parfois le faire passer, aux yeux des esprits structurés, pour insouciant et dilettante. Mais alors que le jaune aime se projeter dans le monde des idées et des images, le vert aime vivre dans le présent immédiat, dans un « carpe diem » fait de rencontres et d’instants précieux. Deux manières différentes d’échapper à la tyrannie du temps.
A l’écoute du temps de la nature
O.W. 07.2018